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🎙 Interview Midnight Ravers - Octobre 2015

Dernière mise à jour : 17 avr. 2020

Komplex Kapharnaüm à Villeurbanne


Il est 14h30 et je me dirige vers le Komplex Kapharnaüm, où Dom Peter, batteur de High Tone et instigateur du projet Midnight ravers, m’attend et me guide jusqu’à un bus à l’abandon posé au beau milieu de l’entrepôt, bus réaménagé en une sorte de petit studio … Antre de création pour Dom et son équipe. Eclairage vintage, machines à sons, un fauteuil sauvé du bus entreposé là aussi, nous voilà parti pour discuter un long moment de ce projet , de ceux qui vous rentrent dans le cœur et les oreilles, et ne vous lâchent pas …



ZYVA : Peux-tu déjà me dire comment est né Midnight ravers, en parallèle de tes autres projets ?


Dom Peter : Il est né grâce au voyage et à la découverte du « bouillon musical » de Bamako, avec une forte envie de partager. J’étais grand auditeur de musique africaine depuis un moment, j’étais venu naturellemnt par le dub et les connexions africaines, il y a une filiation inversée normalement mais bon .Je faisais de la MAO, j’imaginais ce qu’on pouvait faire avec des instruments mélodieux, à marier à un univers électronique planant, comme je le pratique … Il n’y avait que l’album de Damon Albarn « Malimusic » qui proposait ce mariage électro musique mandingue, les autres projets étaient très club et dance, des remixes d’Amadou et Mariam par exemple, c’était pas du tout ma came. Tout ça pour dire qu’il y avait une brèche pour moi, un pont à faire entre ces deux univers et ça a été rendu possible grâce aux connexions de Manjul, studio à Bamako qui existe depuis quinze ans, c’est la famille, des cousins.


Z : Le nom du groupe est un titre de Bob Marley, et chaque titre du 1er album de Midnigh ravers (Le triomphe du chaos) fait référence aux paroles de ce titre de Bob Marley « Midnight ravers », pourquoi et quelle importance a cette référence pour toi ?


DP : C’est un de mes morceaux préférés, un des plus uniques en terme de couleur musicale, d’univers, je vois de la brume, le matin, du bleu … C’est celui qui a le plus de mystère pour moi. Ca ressemble aussi à ce qu’on peut vivre à Bamako, cette activité nocturne très importante , il fait tellement chaud la journée, on bosse à l’ombre enfermés, la nuit on peut sortir tous les soirs à Bamako, ça enchaîne …Moi qui suis tellement amoureux de voir des concerts en live …C’est ce qu’on a vécu à Bamako, Manu, Pierre et moi, on était des noceurs de minuit quoi ! Ca tombait sous le sens.


Z : Les « Midnight ravers » de Bob Marley sont-ils les mêmes que ceux de Dom Peter et sa bande ?


DP : Je ne sais pas si ce sont les mêmes, si j’ai bien compris il utilise des paraboles bibliques, donc ce ne seront pas mes références, il puisait dans la Bible pour se nourrir. Très peu de mystique au final dans notre « Midnight ravers », au contraire il y a quelque chose de très instinctif, rassurant, terrien, la terre rouge du Mali est bien présente dans ce travail !


Z : Sur le 1er album, tu présentes tes collaborations sous forme de featuring, dans le 2eme ils sont partie intégrante du projet ? Qu’est-ce que ça change ?


DP : Le fait d’avoir pu continuer ce projet a permis de resserrer les liens avec les premiers featuring qui sont devenus les vrais collaborateurs et musiciens de Midnight ravers. Il y a une tournée bientôt, il y a vraiment 3 français 3 maliens qui s’investissent dans ce nouveau projet auquel nous devons donner forme. ? C’est une entité de combo franco-malien électro mandingue, c’est pas le « side project de Dom Peter de High Tone », le projet il est là maintenant,. J’amène les compos et suis le pilier central mais chacun a sa place.


Z : Comment ces rencontres se sont faites justement ?


DP : Ca s’est fait très vite, c’était époustouflant sur la rencontre humaine … Le fait qu’il y ait Manu qui dessine ça a fédéré les gens sur le fait qu’on est au cœur d’un projet artistique, on revient à la chose fondamentale de défendre le plaisir de la pratique artistique, c’est con mais ça a permis ça. J’étais sidéré sur le niveau des musiciens qu’on a pu rencontrer. Il y a deux plus grandes familles de joueurs de kora au Mali, on connait les Cissokho et les Diabaté. C’était que du rêve… rêve éveillé.


Z : Quel est l’instrument qui te fait le plus vibrer personnellement ? Kora ? Flûte peule ? N’goui (luth de griot) ?


DP : La kora, de loin … Elle se suffit à elle-même. Tu peux écouter un disque de Toumané Diabaté tout seul, cinquante fois, il y a une richesse incroyable.


Z : As-tu rencontré beaucoup de griots sur ta route avant d’être inspiré sur ce projet-là ?


DP : Les griots comme je les imaginais en venant de France c’était pas les rencontres que j’avais envie de faire, ce sont les divas maliennes, les griottes, je voulais aller vers une voix plus douce et plus chaude comme celle de Fatim. J’ai rencontré beaucoup de griots modernes plutôt ! Par contre ce qui m’a inspiré c’est le travail des groupes des années 60/70, comme Super high band, Super Jata, Fela, ils adaptaient les anciens textes, le répertoire. Ils l’ont électrifié, nous on essaie de l’électronifier !


Z : Tu as participé à l’écriture des textes ?


DP : Je donne des pistes d’écriture à Fatim Kouyaté, comme pour la chanson « Anna » ou « l’exil », « Anna » à cause d’un sample, c’est le nom de ma fille et ça parlait aussi à Fatim. Je me suis attachée à ce son, et elle y a mis un truc de dingue dedans, son histoire de femme à part entière …Il y a un engagement de chant super important. Le thème est simple « Anna quand tu es là tout le monde est heureux, tout le monde est fier, ça met le sourire à tout le monde », ça parle de maternité et d’enfance.


Z : Quel parallèle peux-tu faire entre dub, tes premières amours, et musique mandingue ?


DP : Pas trop non, j’y réfléchirai ! Tous les dubs mélancoliques, quand ça joue dans les mineurs, les Augustus Pablo, les Lee Perry, il y a quelque chose de très fort, une couleur puissante mais triste, on retrouve ça dans la kora. Mais je ne fais pas plus de parallèle que ça. On a fait un travail instrumental très long avec High Tone, pendant dix, quinze ans, là l’idée c’est qu’il y ait plus de mélodies, et des voix.


Z : Les rencontres entre électro et musiques traditionnelles sont de plus en plus fréquentes, aimerais-tu exploiter d’autres mariages ?


DP : Oui ! J’aime expérimenter, j’ai eu des propositions pour faire des choses au Brésil, j’aimerais trouver la filiation africaine qu’il y a là-bas, mais mon cœur est beaucoup à Bamako quand-même !


Z : Il y a bientôt des dates prévues avec les musiciens maliens , tu n’avais pas pu le faire avec « Le triomphe du chaos » pour des raisons budgétaires ?


DP : Ca aurait été trop précoce, il fallait ce temps pour tisser des liens…


Z : Peux-tu me parler un peu de l’intégration scénographique et vidéo dans le projet et le rapport entretenu avec Komplex Kapharnaüm ?


Manu Prost le dessinateur dessinera en live, et Pierre Duforeau (1er VJ de High Tone en 1998 et directeur artistique du Komplex Kapharnaüm) fera la scénographie, il y a aura la rencontre en direct vidéo et dessin donc. On a envie de créer un projet live pas seulement intimiste mais où la scéno est importante, c’est une tournée qui commence début décembre. On va annoncer toutes les dates bientôt, mais déjà on peut noter le 9 décembre à Lyon au Transbordeur et le 10 à St-Etienne !


Z : C’est parfait on y sera ! Et pour finir, question habituelle, quel titre ou quel artiste pourrait te représenter, toi et ta musique ?


DP : « Ruby » de Toumani Diabaté et Ali Farka Touré


👉 Julie Chazal

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