top of page

🎙 Interview Radio Elvis

Après avoir obtenu une Victoire de la Musique 2017 en tant qu’ « Album Révélation » pour Les Conquêtes, sorti en 2016, les garçons de Radio Elvis étaient de passage à Lyon lors de la tournée pour la promo de leur nouvel album, Ces garçons-là (chez PIAS, 2018). Le chanteur Pierre Guénard a accordé à Zyva une interview, dans une ambiance détendue et spontanée, pour raconter le parcours des derniers mois du trio…


Crédit photo : Guendalina Flamini 2018


ZYVA : Avant cette tournée, y a-t-il des éléments de la précédente que vous auriez aimé retrouver dans celle-ci ? Des bons souvenirs, une ambiance particulière…


Radio Elvis : On a hâte de retrouver l’ambiance de tournée et le live, parce qu’on fait de la musique pour la scène. Au fur et à mesure de la tournée, on s’est découvert, on a découvert qu’on était un groupe de rock sur la scène. Mais on a eu quelques frustrations : nos chansons étaient plutôt contemplatives et sur scène on manquait parfois de titres bien rythmiques et pêchus. On a fait en fonction de nos envies et de nos frustrations sur ce disque, et la prochaine tournée sera encore plus débridée. Déjà parce qu’on va être quatre, et plus trois, donc on va pouvoir être plus dans le live. Avant on envoyait des séquences pendant certains morceaux, pour pouvoir être épaulés en live, ce qui était plus un dépannage qu’une vraie démarche artistique. On va éviter ça, favoriser les moments d’improvisation et se libérer, avec un contact plus direct encore avec le public.


« On a hâte de retrouver l’ambiance de tournée et le live, parce qu’on fait de la musique pour la scène. »


Z : Est-ce que ça change votre manière de travailler sur ce nouvel album ?


R.E. : Pas tellement, en fait. On met moins de temps, on intellectualise moins la musique, on est plus dans la spontanéité. On a voulu recréer du très spontané ; ce qui ne veut pas dire qu’on n’a pas réfléchi à ce qu’on voulait faire, au contraire, on a beaucoup pensé en amont à la direction qu’on voulait prendre, entre rock, pop, et chanson. On voulait plutôt être dans les couleurs, les sonorités, en mélangeant les instruments nobles comme le piano, la batterie, la guitare acoustique, à des sonorités un peu plus électro, un peu plus synthétiques. On a commencé à travailler comme ça et on s’est rendu compte en travaillant en studio qu’on avait un langage musical commun pour mieux se comprendre. On s’est soudé autour de quatre-cinq références communes, ce qui n’était pas le cas au début du groupe : on écoutait des choses très éclatées et différentes. Puis au fil des tournées on s’est fait écouter beaucoup de choses entre nous et on s’est rendu compte qu’on avait les mêmes envies, qu’on se faisait beaucoup plus confiance. On s’est laissé aller, on a capté les forces de chacun, en les mettant à bon escient, donc tout a été beaucoup plus rapide et beaucoup plus fluide aussi, ce qui a créé des morceaux très spontanés. On ne voulait pas non plus quitter la musique de divertissement, parce qu’il ne faut pas que ce soit juste cérébral.


« On a voulu recréer du très spontané (…) on voulait plutôt être dans les couleurs, les sonorités »


Z : Ces références communes dont tu parles, c’est quoi ?


R.E. : MGMT, Arcade Fire depuis toujours, et j’ai découvert Arctic Monkeys avec Colin [Russeil, batteur-claviériste, ndlr].


Z : Quel rapport avez-vous à la scène française rock actuelle, au vu de vos références plutôt anglo-saxonnes ?


R.E. : Il se passe plein de choses aujourd’hui en France. Nous on se pense toujours un peu à part. On nous met souvent sur scène avec Feu ! Chatterton, Bagarre, Grand Blanc : des groupes qu’on écoute, en fait. On ne fait pas la même chose mais je pense que ce sont aussi des groupes de rock. Je pense qu’on a à peu près la même démarche, avec des sons différents, mais que dans le fond, on a la même vision de la musique.


Z : C’est quoi le plus dur : l’écriture ou la composition ?


R.E. : Les deux peuvent être assez laborieux et parfois très simples aussi, il n’y a pas trop de règles. Le plus dur c’est le studio, je trouve : c’est le plus compliqué, parce qu’on a forcément quelque chose en tête, on s’est habitué à nos maquettes, et il faut retrouver ce premier élan, ce premier geste. On ne va jamais là où on croyait aller, on est toujours ailleurs ; pas très loin de ce qu’on avait en tête, mais toujours un petit peu à côté. C’est toujours un endroit inattendu dans lequel on se retrouve, et je trouve que c’est plus dur, sans jugement de valeur pour autant. Peut-être que les garçons ont un autre rapport au studio, mais pour moi c’est ça. C’est justement pour ça que j’aime le fait qu’on ait pu garder le premier jet.


« Le plus dur c’est le studio (…) il faut retrouver ce premier élan, ce premier geste. »


Z : Et comment ça se passe de faire de sa passion un job alimentaire ?


R.E. : En fait, c’est un rêve, déjà, pour moi. Les deux autres [Colin Russeil et Manu Ralambo, ndlr], ça fait plus longtemps, ils ont accompagné beaucoup de groupes, ils ont du vécu ; mais c’était un rêve pour moi, je me sentais vraiment soulagé. La question de la survie est venue très vite. La création est liée au confort de vie. Tu te sors les doigts quand t’as besoin de remplir ton assiette, de payer ton loyer, quand t’es dans l’urgence. Et j’avais peur que le jour où j’en vivrais, ça se casse, qu’on n’ait plus rien à dire. C’est une bonne épreuve. Il y a quelques temps, j’ai eu peur de me retrouver avec une vie aseptisée, un peu vide, qu’après la tournée il ne se passe plus grand-chose. Après les Victoires de la Musique par exemple, j’ai eu une grande phase de trois-quatre mois où j’étais un peu déprimé : j’avais l’impression d’avoir atteint un de mes rêves, je ne savais plus trop où aller, j’étais un peu blasé aussi. Puis je me suis rendu compte qu’il restait plein de choses à faire, que plein de gens ne nous connaissaient pas, etc. Maintenant, j’ai l’impression de partager quelque chose, et on était plus confiant, libéré d’un poids. On s’est senti accepté quelque part, et c’est agréable. Je crois qu’il y a un gros désir de plaire, chez les artistes : une fois qu’on a eu cette reconnaissance-là, on se rend compte qu’on a envie de plaire encore.


Z : Justement, vu ce parcours, les Victoires etc., vous vous verriez où idéalement dans quatre ans ?


R.E. : Nos rêves sont très simples : on a envie de parler au public directement, qu’il soit touché par nos chansons, et on a envie de faire la plus belle tournée possible, avec plein de dates. Aujourd’hui, c’est super de voir les gens chanter nos chansons, de les voir réagir, contents surtout, de voir qu’ils se divertissent et prennent du plaisir. Ce côté spectacle nous tient vraiment à cœur. Sinon on pense aussi à des salles comme l’Olympia : on a encore des rêves d’enfants à réaliser !


👉 Pablo Brahimi


4 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page